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Page:Colet - Les Pays lumineux - 1879.djvu/300

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292 LES PAYS LUMINEUX. passagers retournèrent à bord pour s’y reposer, car l’excursion au temple de Danderah, sur la rive opposée, devait avoir lieu au lever du jour. Être debout à quatre heures du matin, monter sur un âne plus ou moins rétif me causait, je l’avoue, une sensation toujours désagréable. Pourtant, je persistai durant toutes ces excursions plus ou moins accablantes. Souvent en arrière, je faisais partie plutôt des traînards que de l’avant-garde ; mais, tenant bon, et sûre d’arriver au lieu désigné pour notre halte, précédée du drogman et suivie de l’arabe qui guidait mon âne, j’allais, tout en contemplant le paysage, en écrivant çà et là des notes sur mon carnet suspendu à ma ceinture. Passer d’une cabine étouffante à la fraîcheur de l’aube dans des champs encore imprégnés de rosée, et çà et là, jonchés de flaques d’eau et ombragés de tamaris et de palmiers, était une rude épreuve. La sensation paraissait délectable, comme humer un sorbet pendant un accès de fièvre chaude ; mais le résultat devait être fatal. Des fellahs déblayaient et nettoyaient la route qui conduit de la rive au temple, en l’honneur de l’impératrice qui, les jours suivants, devait le visiter. Le pays est giboyeux, et plusieurs des invités de la flottille tirent le chemin à pied et se donnèrent, ce matin-là, le plaisir de la chasse. Comme j’avançais assez péniblement sur un sol accidenté de bois nains et de suintements, j’aperçus un chasseur, correctement équipé, déjà chargé de gibier.