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Page:Colet - Lui, 1880.djvu/117

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Il dit cela avec cette naïveté indiscrète de l’enfance qui n’admet pas une entrave à ses désirs.

— Voici d’abord de quoi repaître votre faim, lui dit Albert en tirant d’une poche de la voiture des bonbons et des fruits.

— Vous êtes donc un magicien ? répliqua l’enfant.

— Point ; mais je vous traite comme Louis XIV traitait Mlle de la Vallière et je veux satisfaire à chacun de vos souhaits.

Nous étions descendus de voiture et, tout en croquant des pralines et des poires, mon fils s’amusait à regarder les ex-voto et la petite chapelle suspendus au tronc du grand chêne ; bientôt il prit ses ébats dans les sentiers voisins.

Albert et moi nous nous assîmes sur le gazon et nous nous pénétrâmes de la chaleur bienfaisante du jour.

— C’est donc ici, reprit Albert, que la chasse s’arrêta. Mlle de la Vallière, haletante d’émotion, suivait de son œil bleu si tendre le regard du roi ; l’accablement d’une journée d’août et l’amour dont son cœur débordait l’enveloppaient de langueur et doublaient son charme : elle s’assit, comme épuisée, au pied d’un de ces arbres. Le roi s’approcha d’elle et lui dit avec un sourire aimable :

« — Que souhaitez-vous ?

— Oh ? sire, fit-elle avec une grâce enfantine, un sorbet serait en ce moment une royale volupté. »

Le roi donna un ordre, deux piqueurs partirent à