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Page:Colet - Lui, 1880.djvu/134

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rité de ces deux vers d’une comédie du vieux Corneille :


Lise, lorsque le ciel nous créa l’un pour l’autre,
Vois-tu, c’est un accord bientôt fait que le nôtre.

— Ne faisons plus de dissertations, lui dis-je, partons. Nous descendîmes l’escalier sans parler, et je m’assis près de lui dans le coupé qui venait de le conduire à ma porte.

Il prit ma main qu’il garda dans les siennes, et me dit :

— Vous êtes la bonté même.

Je ne répondais point ; après les sensations de la journée, ce contact de ses doigts frémissants sur les miens me troublait.

— Quel empire vous exercez sur moi, poursuivit-il, depuis un an je n’avais pas travaillé ; votre voix m’a stimulé, vous m’avez parlé de la gloire qui n’était plus pour moi qu’un écho mort, et l’écho s’est réveillé ; toute mon âme a vibré dès que vous l’avez voulu ; je viens d’écrire huit heures de suite sans désemparer. Vous voyez bien que vous pourrez me faire renaître, si vous m’aimez. Quelle belle vie, marquise ! donner ses journées à l’art et ses soirées à l’amour !

— Je l’écoutais, l’âme navrée ; je pensais : Pourquoi Léonce n’a-t-il pas ces idées-là ? Pourquoi ne trouve-