Le docteur s’assit en face d’elle, lui remit quelques livres et quelques journaux, puis il lui apprit les nouvelles de Venise : on parlait beaucoup d’un chanteur célèbre qui venait de débuter à la Fenice et qui attirait la foule.
— J’irai l’entendre quand notre malade ira mieux, répondit Antonia.
— Dès aujourd’hui vous pourriez aller respirer l’air en gondole, répliqua le docteur, voilà dix jours que vous passez sans dormir.
— Dix jours, murmurai-je, oh ! ma pauvre amie, que de mal je vous ai donné.
— Ne parlez pas ! me dirent-ils tous les deux à la fois.
— Qu’elle pense à elle ! qu’elle se repose ! ajoutai-je avec tristesse, en m’apercevant qu’elle avait pâli et maigri.
— Voulez-vous venir, lui dit le docteur, vous ferez un tour sur le Grand Canal.
— Non, reprit-elle, un autre jour, quand il pourra se lever.
Le docteur partit, en disant ;
— À ce soir.
Antonia le reconduisit, et je les entendis causer quelques instants dans le couloir ; elle se rassit en rentrant près de mon lit et reprit son ouvrage.
Je la considérai d’un regard attendri, puis je m’assoupis et finis par m’endormir jusqu’à la nuit.
À mon réveil, la servante me fit boire un peu de bouillon ; je lui demandai où était Antonia.