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Page:Colet - Lui, 1880.djvu/278

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— C’est d’un bon augure répondit le docteur, il est sauvé.

Ils s’assirent alors tous les deux auprès de la table où était la lampe et ils se mirent à regarder des livres d’estampes ; ils en prirent un plus grand que les autres qu’ils feuilletèrent ensemble : quand leurs doigts s’allongeaient sous la page, je m’imaginais qu’ils se touchaient et parfois je croyais voir une pression fugitive. Comme ils ne prenaient pas garde à moi je tenais les yeux grands ouverts et je les dévorais tous deux de mon attention.

Antonia me tournait le dos ; je ne l’apercevais qu’en profil ; mais j’avais en face le beau visage de Tiberio sur lequel semblait se jouer comme une flamme intérieure ; un moment il arrêta sur elle ses yeux brillants et pleins de tendresse.

Carissima, lui dit-il bien bas, il faut absolument vous ménager, puisqu’il dort avec tant de calme, venez dormir aussi.

On connaît la pénétration de l’ouïe des malades, je ne perdais pas un seul de leur murmure.

— Je veux bien, dit-elle d’une voix presque insaisissable.

Mon lit faisait face un peu obliquement à la cheminée surmontée d’une grande glace de Venise penchée en avant et où se reflétait la porte de la chambre d’Antonia ; depuis que j’étais malade cette porte restait toujours ouverte. On en avait même enlevé les battants pour m’éviter le bruit des gonds et de la serrure.