j’étais là. Je retins mon haleine, l’idée de le revoir en ce moment me bouleversait ; le mur contre lequel j’étais adossée me cachait à ses regards ; il en fit le tour mais sans m’apercevoir.
Il me chercha en vain, et je l’entendis dire :
— Ô mon Dieu ! serait-elle morte comme le pauvre prince que j’ai tant aimé !
N’espérant pas me retrouver, il se dirigea vers la voiture qui l’attendait de l’autre côté de la place.
Certaine alors qu’il ne pouvait ni me voir ni me suivre, je franchis le guichet du Louvre et je m’élançai comme un trait sur le pont des Arts ; je courus ainsi tout le long des quais, et ceux qui m’auraient vue dans ma robe blanche, à cette heure de la nuit, auraient pu croire que c’était une ombre qui passait.
J’arrivai chez moi sans reprendre haleine, et l’énergie même de ma course me prouva que je n’avais rien de brisé dans mon corps endolori.
Je trouvai la pauvre Marguerite éperdue d’effroi ; que m’était-il donc arrivée s’écria-t-elle ; Albert, dans une agitation qui faisait peur, était venu me demander il n’y avait que quelques minutes ; ne m’ayant pas trouvée, il était reparti sans vouloir entendre aucune question. — Elle est morte ! elle est morte, répétait-il ; je vais la chercher encore.
Je rassurai Marguerite et lui donnai l’ordre inexorable de ne pas laisser arriver Albert jusqu’à moi ; s’il revenait elle lui dirait que je dormais et que j’avais défendu qu’il entrât. Je courus alors m’enfermer dans