L’ombre enivre, l’air a des flammes
En une âme Dieu fond deux âmes.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
L’horizon déroule à la vue
Le lac à la calme étendue,
Où par couples harmonieux
Les cygnes fendent les flots bleus ;
Plages, collines et vallées
Sous nos regards sont étalées.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
Chantilly dort sous ses grands chênes,
Rosny, Chambord, n’ont plus de reines
Leurs maîtres, ce sont les amants
Savourant leurs enchantements ;
Où les royautés disparaissent,
Les riantes amours renaissent.
Ils sont pour nous, ces vieux palais,
Ils sont pour nous : habitons-les !
Je n’oserais pas dire que quelque chose de l’âme et du souvenir d’Albert n’eût pénétré dans ce chant ! Sans lui l’aurais-je fait ? Non ; car sans lui je n’aurais jamais connu cette langue des vers que son génie m’avait enseignée. Léonce l’ignorait, et je doute même que sa nature, dépourvue d’inspiration et de flexibilité, fût propre à en pénétrer les délicatesses raffinées et l’exquise sensibilité.
Ces strophes faites, je les répétais sans cesse, et je les fredonnais même sur un vieil air qui me revenait.