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— Vous en jugerez plus tard, répondis-je, car j’espère que nous nous reverrons.

— Plus tôt que vous ne pensez et que vous ne désirez peut-être, répliqua-t-il en me prenant la main.

Nous allions nous retirer, lorsqu’on annonça la mère d’Albert de Lincel.

C’était une grande femme, svelte encore, au visage fier et aristocratique ; son fils lui ressemblait beaucoup, mais avec quelque chose de plus intellectuel et de plus exquis dans les traits. Albert embrassa sa mère et ses joues se colorèrent de plaisir en la voyant. Il avait pour tous ses parents une affection très-vive. Au milieu de sa vie de chagrin et d’orages il avait gardé le culte de la famille ; il parlait toujours de sa mère avec respect et émotion ! — C’est une remarque de tous les siècles qu’il n’est que les êtres méchants ou médiocres qui n’aiment pas leurs mères. Ceux qui ont la flamme du cœur ou de l’esprit sentent qu’ils l’ont puisée dans le sein qui les a portés.

Albert me présenta sa mère et me nomma à elle. Nous échangeâmes quelques paroles du monde ; puis, je me levai pour partir. Albert serra la main de René, et prenant la mienne qu’il baisa, il me dit : Au revoir !


vi


J’écrivis le soir même à Léonce ma visite à Albert de Lincel ; il me répondit vite et avec une sorte d’ardeur