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PROMENADE EN HOLLANDE

arrivaient encore jusqu’à moi ; des têtes paraissaient et disparaissaient derrière les stores à demi baissés des fenêtres des maisons voisines. Je voyais luire à presque toutes les fenêtres du rez-de-chaussée et du premier étage de petits cadres brillants et lumineux dont je ne m’expliquais pas la destination.

J’avais en face de moi l’hôtel de ville, curieux monument de la Renaissance (érigé en 1574). Sur sa toiture, couverte de plomb, s’élève un clocher surmonté d’un carillon où les heures sonnaient en sons clairs et gais. Le perron à double escalier, couronné de deux lions ailés, me paraissait d’un beau style au clair de la lune. Je repeuplais ce monument à présent si calme ; j’évoquais les scènes tumultueuses qui s’y étaient passées ; je ranimais le héros Van der Werf et ce bizarre chef des séditieux anabaptistes, Jean de Leyde ! On aime, à ces heures sévères et recueillies de la nuit, à ressaisir ces vestiges de l’histoire, seules traces de leur passage que les générations laissent ici-bas.

Le lendemain matin, je fus éveillée à dix heures par le carillon de l’hôtel de ville. Je me hâtai de faire ma toilette et de déjeuner, car l’ami du docteur devait venir me chercher à onze heures pour me faire visiter la ville. Il arriva comme cette heure sonnait, avec l’exactitude de l’homme du Nord doublée de l’exquise politesse hollandaise ; il me fit