mieux valent les sentiers pittoresques que la grande route poudreuse ; disposez donc de mon attention et de ma curiosité, comme guide et comme conteur.
— Voulez-vous, reprit-il en souriant, que nous commencions par visiter l’hôtel de ville, là, en face de nous, et dont la solitude nous sollicite ?
— J’ai abdiqué ma volonté, lui dis-je ; conduisez-moi. »
Nous traversâmes la rue. Au grand jour, la façade de l’hôtel de ville de Leyde me parut moins belle qu’à la clarté vague de la lune qui agrandit tout ! Les deux lions en terre rouge huchés sur le perron avaient des mines de caniches pacifiques. Nous entrâmes par une des portes, carrée et massive, dans le corridor dénué de tout ornement de boiserie et d’architecture ; il est ouvert à tout venant et sert de lieu de récréation aux gamins de Leyde. À gauche est une grande salle à poutres et à large cheminée de la Renaissance ; on trouve là un immense tableau moderne (par Van Bree d’Anvers) représentant le dévouement du bourgmestre Van der Werf.
C’était en 1574, les Espagnols assiégeaient Leyde depuis quatre mois ; la population était décimée par la famine ; des vieillards exténués, des mères tenant leurs enfants dans leurs bras, se rassemblent devant la maison du bourgmestre ; une foule exas-