fums, de gazouillements d’oiseaux, de murmures de femmes et de bruit d’eau tombante. Chacun en emporta une image radieuse.
Je sortis avec mes deux amis Hermans et Raynold ; ils me promenèrent longtemps à travers la ville, restant silencieux tandis que je les plaisantais sur leur amour. Nous allâmes dîner ensemble à l’auberge du Lion, dans cette même salle où vous m’avez reçu ce matin.
Comme cela arrive souvent aux hommes qui se réunissent à table dans le chagrin ou dans la joie, ils burent tous deux pour s’étourdir, et bientôt leurs préoccupations s’épanchèrent en paroles. Raynold dit à Hermans :
« Tu sais que c’est un duel entre nous, mais un duel sans armes, un duel à qui l’obtiendra par plus de sacrifices et d’amour : il ne faut la devoir qu’à elle-même, et que celui qu’elle préférera devienne le vainqueur sans que le vaincu murmure et s’en irrite.
— C’est juste, répliqua Hermans ; elle est la maîtresse de nos destinées, et je m’en remets de la mienne à son cœur.
— Es-tu prêt à passer pour elle par le fer, le feu et l’eau ? Es-tu prêt à subir toute épreuve qu’elle l’imposera, fût-elle absurde et extravagante ?
— Ah ! ah ! voilà que tu te trahis, reprit Hermans d’un air sardonique ; eh bien ! je serai communicatif