Aller au contenu

Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
PROMENADE EN HOLLANDE.

et trois ou quatre enfants plus petits qu’une institutrice gourmande. Tous, armés d’un livret, lisent volontairement ou sont forcés de lire la description des tableaux ; quant aux tableaux eux-mêmes, ils ne les regardent point ; on dirait qu’ils ne restent là des heures entières que pour l’acquit de leur conscience et aussi pour irriter les véritables appréciateurs de l’art, à qui ces lourdes lignées anglaises gâtent Rubens. Je me mis à l’écart pour admirer avec recueillement ces deux drames de la croix, si mouvementés et si terribles. Je ne les décrirai point : la description et la gravure en sont partout.

La pluie continuait à tomber grise et monotone, je me fis conduire à pas lents par ma vigilante autour de la ville ; je voulais revoir ces remparts glorieux et les portes d’Anvers qui ont été témoins de tant de sièges, d’assauts et de boucheries humaines.

La guerre se faisait au xve siècle avec une barbarie et une violence dont les guerres modernes ne peuvent plus donner l’idée. Sous la domination espagnole, en 1576, Anvers était chaque jour menacée par les soldats de cette nation qui occupaient la citadelle, et qui, n’ayant pas été payés, réclamaient leur solde arriérée, toujours prêts à se révolter et à mettre la ville au pillage. Les habitants d’Anvers tentèrent d’élever des fortifications en terre contre la citadelle, pour se garantir d’une