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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/193

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PROMENADE EN HOLLANDE.

silence et brisée, et je voulus parcourir seule les jardins qui environnent Harlem. Les fleurs de Harlem, ses jacinthes, et surtout ses tulipes, ont fait sa renommée européenne. Mais c’est à la fin d’avril ou dans les premiers jours de mai que fleurissent ces merveilleuses tulipes. Je ne trouvai dans les jardins que des roses, des œillets, des collections de dahlias et d’autres fleurs de la saison. On connaît les fabuleuses folies commises autrefois pour des oignons de tulipes. Au xviie siècle, l’oignon d’une tulipe nommée admiraal liefkens fut vendu quatre mille quatre cents florins, et l’oignon d’une autre tulipe appelée semper augustus deux mille florins. De cette dernière tulipe il ne se trouva plus un jour que deux oignons, l’un à Amsterdam et l’autre à Harlem. Pour obtenir l’un des deux, un amateur offrit quatre mille six cents florins, plus une voiture, deux chevaux gris pommelé avec leur harnais complet ; un autre amateur offrit douze arpents de terre.

Harlem a vu naître les peintres Van der Heslt, Wouvermans, Van Ostade, Wynant, Ruysdael et Berghem. Ce dernier, encore enfant, était un jour poursuivi par son père ; il se réfugia dans l’atelier de Van Goyen, qui tâcha de le dérober à la correction paternelle en criant : Berghem ! c’est-à-dire cachez-le ! De là ce nom de Berghem qui lui resta et qu’il rendit célèbre.