Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/269

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
259
PROMENADE EN HOLLANDE.

du chœur, qu’on voit un sarcophage de marbre antique, appelé le sarcophage d’Auguste. C’est là aussi qu’est placée la chaise ou fauteuil de pierre qui servit au couronnement de Charlemagne et des empereurs d’Allemagne ; et ici encore, sur ce siége mémorable, les araignées tissent leurs toiles.

Je dis au bedeau :

« On ne nettoie donc jamais cette église ?

— Jamais, madame, » me répondit-il avec naïveté.

Je me débarrasse, au moyen de quelques pièces de monnaie, de mon guide importun, et je reste seule accoudée aux balustres de la galerie. Insensiblement décroît et cesse le murmure des prières marmottées tout haut par quelques fidèles ; les bruits de pas ne se font plus entendre, et la nef se remplit de silence et de solitude. Seule dans cette église à la lueur d’un jour incertain et mystérieux, je sens comme une saveur de mort et de néant !

Que survit-il des bruits et des gloires de la terre ?

Un jour aussi, ils méditèrent dans cette église, les trois hommes qui, à la distance de plusieurs siècles, ont le plus remué le monde.

Le nom des trois empereurs a retenti dans ces murs et hors ces murs. Maintenant tout se tait autour de leurs ombres ; les peuples ne leur font plus cortége ; ils ont pris leur place distincte mais bornée dans l’histoire, ce grand ossuaire des renommées.