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Page:Colet - Promenade en Hollande.djvu/38

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PROMENADE EN HOLLANDE.

Parfois, la rampe qui entoure ce perron enserre tout un petit trottoir de pierres blanches qui s’étend au pied de la façade de la maison. Ce trottoir inutile et clos n’est qu’une garantie et une fortification de plus contre les envahissements de la rue. Le Hollandais aime le home deux fois plus encore que l’Anglais ; il se calfeutre dans sa propriété inexpugnable, qu’aucune souillure du dehors ne peut atteindre.

La maison du docteur Van A… J… était propre entre les plus propres et toute reluisante au soleil. Ma vigilante s’arrêta ; les rosses qui la traînaient poussèrent un hennissement de satisfaction ; le cocher descendit lentement de son siége et tira sur le côté de la porte un gros bouton de cuivre enjolivé. Quelques secondes après, une jeune servante frisonne parut : elle avait la mine riante et fraîche ; mais, sans le bleu clair de ses yeux et ses sourcils roux, on n’aurait pu deviner si elle était brune ou blonde. On ne voyait pas un seul de ses cheveux, qui étaient rasés, et, au lieu de bandeaux ondés, une dentelle de Flandre, garnissant son bonnet, servait de cadre au visage. De ce bonnet on n’apercevait ni la passe ni le fond ; il était entièrement recouvert par une sorte de casque formé par deux minces et larges plaques d’or, qui font un des objets de luxe de l’ajustement des Frisonnes. Un fichu de grosse mousseline brodée se croisait sur le sein de la jeune