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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/116

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ritaire, et l’autre d’une souplesse contre laquelle s’émoussent toutes les pointes, tante Cœur, moins onctueuse que de coutume, risque :

— Trouvez-vous, Renaud, qu’un champ de courses soit le milieu qui convienne absolument à cet enfant ?

— Mais, chère Madame, il y verrait des gens très sortables, et encore plus d’israélites, ajoute-t-il doucement en regardant du côté de Mme Barmann.

Ça va bien, ça va bien ! Je bouillonne de joie comprimée. Si ça continue, la porcelaine anglaise que je manie respectueusement va joncher les tapis. Tante Cœur, les yeux baissés, rougit imperceptiblement. Y a pas, y a pas, il n’est guère poli, mais je m’amuse bien. (« Oh ! que j’ai t’y du goût ! » dirait Luce.) Marcel compte les fleurs de la moquette avec la figure d’une jeune fille qu’on n’a pas invitée à danser.

— Vous avez joué aux courses, sans doute ? interroge douloureusement ma tante avec une figure d’angoisse.

(Le monsieur hoche mélancoliquement la tête :)