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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/150

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du monde, et même des garçons bien gentils, sans le sou, qui aiment la musique. C’est là-haut aussi qu’on place « celui qui proteste ». Il siffle et profère des malédictions abscondes ; un municipal le cueille comme une fleur, l’expulse, et le fait rentrer discrètement par une autre porte. Colonne a essayé d’en engager un spécialement pour des prix modiques, mais il y a renoncé. « Celui qui proteste » doit être avant tout un convaincu.

J’ai envie de rire, à présent, en entendant le Méphistophélès qui détaille les couplets de la puce — si burlesquement prosodiés que Berlioz a dû le faire exprès — oui, j’ai envie de rire parce que ce baryton a une peine infinie à ne pas jouer ce qu’il chante. Il se retient tant qu’il peut d’être diabolique, mais il sent sur son front le balancement de la plume fourchue, et ses sourcils dessinent d’eux-mêmes l’accent circonflexe de la tradition.

Jusqu’à l’entr’acte, j’écoute de toutes mes oreilles inhabiles, peu habituées à discerner les timbres.

— Ça qui chante à l’orchestre, aux instruments à vent, qu’est-ce que c’est, l’Oncle ?