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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/17

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garde en sa mémoire un recueil varié de chansons grivoises, voire obscènes, dont j’ai retenu un certain nombre. (Et on dit que je ne cultive pas les arts d’agrément !) Il y en a une très jolie :

Il a bu cinq ou six coups
Sans vouloir reprendre haleine,
Trou la la…
Et comm’ c’était de son goû
Il n’épargnait pas sa peine,
Trou la la… etc. etc.

Mélie choye avec tendresse mes défauts et mes vertus. Elle constate avec exaltation que je suis « gente », que j’ai « un beau corps » et conclut : « C’est dommage que t’ayes pas un galant. » Ce besoin ingénu et désintéressé de susciter et de satisfaire d’amoureux desseins, Mélie l’étend sur toute la nature. Au printemps, quand Fanchette miaule, roucoule et se traîne sur le dos dans les allées, Mélie appelle complaisamment les matous, et les attire au moyen d’assiettes remplies de viande crue. Puis elle contemple, attendrie, les idylles qui en résultent, et, debout dans le jar-