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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/22

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étroit lit-bateau en noyer et du vieux buffet normand qui me sert d’armoire à linge, je faillis avoir une crise de nerfs. Papa, plus faraud que jamais, déambulait au milieu du désastre, et chantait : « Les Anglais pleins d’arrogance, Sont venus assiéger Lorient. Et les bas-bretons… » (on ne peut pas citer le reste, malheureusement). Je ne l’ai jamais détesté comme ce jour-là.

Au dernier moment, je crus perdre Fanchette, qui, autant que moi horrifiée, avait piqué une fuite éperdue dans le jardin, et s’était réfugiée dans la soupente à charbon. J’eus mille peines à la capturer pour l’enfermer dans un panier de voyage, crachante et noire, jurant comme un diable. Elle n’admet, en fait de paniers, que celui à viande.