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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/235

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Voici poindre Panthéon-Courcelles, pacifique et zigzaguant. Hop ! sautons, en dédaignant de faire arrêter. Un saut réussi sur une plate-forme d’omnibus au grand trot, ça console de bien des choses. Pourvu que papa ne s’avise pas de faire, aujourd’hui précisément, une station dans la vie réelle ! Il pourrait trouver mon absence un peu longue, et ça m’ennuie de lui mentir, de lui raconter que j’ai passé l’après-midi avec tante Cœur.

Rien à craindre : papa plane, comme d’habitude. Quand j’entre, entouré de manuscrits sales, il me lance, tapi dans sa barbe, un premier coup d’œil sauvage. M. Maria, qui ne fait pas beaucoup de bruit, écrit à une petite table, et, en m’apercevant, tire sa montre d’un geste furtif. C’est lui qui s’inquiète de mon absence !

— Ah ! ah ! s’écrie papa de sa plus belle voix. Tu t’en payes, du devoir de famille ! Il y a au moins une heure que tu es partie !

M. Maria jette sur papa un regard navré. Il sait, lui, que je suis sortie à deux heures et qu’il est six heures trente-cinq.