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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/27

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Hop ! Malgré les objurgations désolées, et les « Ma France adorée, tu vas te flanquer par terre ; ma petite servante, je le dirai au médecin ! » d’un gros effort je tire mes jambes de mon lit… Misère ! Qu’est-ce qu’on a fait de mes mollets ? Et mes genoux, comme ils paraissent gros ! Sombre, je rentre dans mon lit, n’en pouvant plus déjà.

Je consens à rester assez sage, bien que je trouve aux « œufs frais » de Paris un singulier goût de papier imprimé. Il fait bon dans ma chambre ; on y brûle du bois, je prends plaisir à en regarder le papier pékiné rouge et blanc (je l’ai déjà dit), mon buffet normand à deux portes, avec mon petit trousseau dedans ; la tablette est usée et écornée, je l’ai un peu tailladée et tachée d’encre. Il voisine avec mon lit, sur la plus longue paroi de ma chambre rectangulaire, mon lit-bateau, en noyer, à rideaux de perse (on est vieux jeu) à fond blanc, fleurs et fruits rouges et jaunes. En face de mon lit, mon petit bureau d’acajou démodé. Pas de tapis ; en guise de descente de lit, une grande peau de caniche blanc. Un