Aller au contenu

Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

répondrait : « Ma « guéline », faut faire comme chez nous. Ceusse qu’on te propose, essaye-les avant ; comme ça, le marché est honnête et y a personne de trompé. » Car la virginité est pour elle de si peu de prix ! Je connais ses théories : « Des menteries, ma pauvre fille, des menteries ! Des histoires de médecins, tout ça. Après, avant, si tu crois qu’ils n’y prennent pas le même goût ! C’est tout-un-tel, va. » Suis-je pas à bonne école ? Mais il y a une fatalité sur les honnêtes filles ; elles le restent, malgré toutes les Mélies du monde !

Je m’endors tard dans la nuit étouffante, et des souvenirs de Montigny traversent mon sommeil agité, des songeries de feuilles bruissantes, d’aube frisquette (hélas !) et d’alouettes qui montent, avec ce chant que nous imitions, à l’École, en froissant dans la main une poignée de billes de verre. Demain, demain… est-ce qu’on me trouvera jolie ? Fanchette ronronne doucement, son Limaçon rayé entre ses pattes. Ce ronron égal de ma chère belle combien de fois m’a-t-il calmée et endormie !

J’ai rêvé cette nuit. Et la molle Mélie, entrant