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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/292

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n’aime pas du tout et se passe la main dans les cheveux.

Pour moi, qui ne bois jamais que de l’eau à la maison, je constate des phénomènes inouïs : un treillis léger et vaporeux monte de la table, nimbe les lustres, recule les objets et les rapproche tour à tour…

Au moment où je songe à m’analyser, une voix connue crie du seuil de la salle :

— Kellner ! Que s’avancent par vos soins la choucroute garnie, mère du pyrosis, et ce coco fadasse mais salicylé que votre impudence dénomme ici bière de Munich. Velours liquide, chevelure débordante et parfumée des Rheintöchter, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils boivent ! « Weia, waga, waga, la weia… »

C’est Maugis, lyrique et suant, qui wagnérise, le gilet ouvert, le tube à bords plats sur l’occiput. Il remorque trois amis. Renaud ne retient pas un geste d’extrême contrariété, et se tire la moustache en grognant quelque chose.

Maugis, près de nous, cesse brusquement de se gargariser avec le Rheingold, arrondit