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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/317

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Mélie n’entend pas. Je passe mon peignoir et cours à la fenêtre du salon, nu-pattes, coiffée comme une chicorée. « Vieux, voilà dix sous. Gardez la monnaie. » Quelle belle barbe blanche ! Il possède sans doute une maison de campagne et des terres, comme la plupart des pauvres de Paris. Tant mieux pour lui. Et comme je m’en retourne à ma chambre je croise M. Maria qui arrive, et qui s’arrête, ébloui de mon déshabillé matinal.

— Monsieur Maria, est-ce que vous ne croyez pas que c’est aujourd’hui la fin du monde ?

— Hélas ! non, Mademoiselle.

— Moi, je crois que si. Vous verrez.

Assise dans mon cuveau d’eau tiède, je m’étudie et m’attarde minutieusement. Ce duvet-là, ça ne compte pas comme poil sur les jambes, au moins ? Dame, les bouts de mes nichettes ne sont pas si roses que ceux de Luce, mais j’ai les jambes plus longues et plus belles, et les reins à fossettes ; c’est pas un Rubens, non, mais je ne tiens pas au genre « belle-bouchère » — Renaud non plus.