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Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/54

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heures, Papa tout bonnement sublime avec sa redingote à copieux ruban rouge, et ce haut-de-forme à bords trop larges, et ce nez dominateur, et cette barbe tricolore ; son aspect de « demi-solde » attendant le retour de l’Autre, son expression puérile et illuminée, enthousiasme les gamins du quartier qui l’acclament. Moi, insoucieuse de cette popularité, j’ai revêtu ma robe neuve en drap bleu toute simple, j’ai posé sur mes cheveux… sur ce qui en reste… mon chapeau rond en feutre noir avec des plumes noires, ramenant avec soin des boucles à l’angle de mes yeux, et jusqu’aux sourcils. L’appréhension de la visite me donne mauvaise mine ; il n’y a pas encore grand’chose à faire pour me donner mauvaise mine !

Avenue de Wagram, ma tante Cœur habite une magnifique maison neuve déplaisante. L’ascenseur rapide inquiète papa. Moi, tout ce blanc des murs, de l’escalier, des peintures, m’offense un peu. Et Mme Cœur… « est chez elle ». Quelle guigne !

Le salon où nous attendons une minute continue désespérément les blancheurs de