Aller au contenu

Page:Colette - Claudine à Paris, 1903.djvu/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Non, grand’mère, répond suavement la petite merveille en levant ses yeux purs.

Papa, qui continue d’être à cent lieues de là, questionne Marcel, nonchalamment, sur ses études. Et je regarde toujours ce joli cousin en sucre ! Lui, en revanche, ne me regarde guère, et, si mon admiration n’était pas si désintéressée, j’en ressentirais un peu d’humiliation. Tante Cœur, qui constate avec joie l’effet produit sur moi par son chérubin, tente de nous rapprocher un peu :

— Tu sais, Marcel, Claudine a ton âge ; ne ferez-vous pas une paire de camarades ? Voici bientôt les vacances de Pâques.

J’ai fait un vif mouvement en avant pour acquiescer ; le petit, surpris de mon élan, lève sur moi des yeux polis et répond avec un entrain mitigé :

— J’en serai très heureux, grand’mère, si Madem… si Claudine le veut bien.

Tante Cœur ne tarit plus, dit longuement la sagesse du chéri, sa douceur : « Jamais je n’eus à élever la voix. » Elle nous fait mettre épaule contre épaule, Marcel est plus grand de tout ça ! (Tout ça, c’est trois centimètres,