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Page:Colette - Claudine en ménage, 1903.djvu/228

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bouche à un amant, à une amie, avec ce battement précipité des cils, ce renversement buveur que je connais. »

Qu’est-ce que ça fait que je ne l’aime pas…, je souffre tout autant !

Je supporte mal la présence de Renaud, si volontiers immiscé en tiers. Il n’a pas voulu me donner la clef du petit appartement, alléguant, sans doute avec raison, qu’on ne doit pas nous y voir pénétrer seules. Et c’est chaque fois pour moi le même effort humiliant de lui dire : « Renaud, nous allons demain là-bas… »

Il s’empresse, gentil, heureux, sans doute, comme Rézi, de la situation « pas ordinaire… ». Ce besoin, commun à tous deux, de s’affirmer vicieux et bien modernes me confond. Je fais ce que fait Rézi, pourtant, — et même davantage, — et je ne me sens pas vicieuse…

À présent, Renaud s’attarde en nous accompagnant là-bas. Il verse le thé, s’asseoit, fume une cigarette, bavarde, se lève pour redresser un cadre ou chiquenauder une mite au velours des prie- Dieu… il laisse deviner qu’il est chez lui. Et quand il veut enfin partir, feignant la hâte et l’excuse, c’est Rézi qui proteste. « Mais pas du tout, restez donc une minute !… » Moi, je ne dis rien.