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Page:Colette - Claudine en ménage, 1903.djvu/47

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— J’en avais comme un vague pressentiment… Vous n’êtes pas d’ici, j’entends ça.

— Oh ! non… nous habitions Paris.

Le ton, le petit sourire mi-retenu de supériorité dédaigneuse sur la bouche ronde, elle est à manger, ma foi !

Pomme traîne la lourde valise que Renaud lui prend des mains, très empressé.

— Pomme, quel âge avez-vous ?

— Quinze ans deux mois, Monsieur.

— Vous n’êtes pas mariée, Pomme ?

Les voilà toutes parties à rire comme des poules ! Pomme se pâme avec ingénuité, les sœurs brunes et blanches y mettent plus de coquetterie. Et la gobette de dix ans, enfouie dans ses cheveux carotte, en fera, pour sûr, une maladie. À la bonne heure, je retrouve mon École !

— Pomme, poursuit Renaud sans s’émouvoir, je suis sûr que vous aimez les bonbons !

Pomme le regarde de ses yeux mordorés comme si elle lui donnait son âme :

— Oh ! oui, Monsieur !

— C’est bon, je vais en chercher. Laisse, chérie, je trouverai bien tout seul.

Je reste avec les petites qui surveillent le couloir