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Page:Colette - Claudine s’en va, 1903.djvu/199

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XIX

Le hasard des places, achetées presque au dernier moment, m’a séparée de Marthe et de Léon. Je m’en félicite sans le dire. Debout dans la sourde lumière des lampes rondes en collier rompu autour de la salle, j’analyse avec précaution l’odeur de caoutchouc brûlé et de cave moisie. La laideur grise du temple ne me choque pas. Tout cela — et la scène basse, et l’abîme noir d’où jaillira la musique — trop décrit, me semble à peine nouveau. J’attends. Dehors, la seconde fanfare sonne (l’appel de Donner, je crois). Des étrangères retirent leur épingle à chapeau, d’un geste blasé et familier. Je les imite. Comme elles, je regarde vaguement la Fürstenloge où paradent des ombres noires, où se penchent de grands fronts dénudés… Cela n’a point d’in-