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Page:Colette - Claudine s’en va, 1903.djvu/232

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— Assez, Marthe, assez, tu sens trop bon.

— Jamais trop ! Moi, d’abord, j’ai toujours peur qu’on dise que je sens la rousse ! Maintenant que tu es descendue de ton nuage, je recommence : Nous dînons ce soir à Berlin, — au restaurant de Berlin, grande bête !… C’est Maugis qui nous rince.

— Encore !

Le mot est parti malgré moi, non sans que Marthe l’ait croisé d’un regard aussi pointu qu’un coup de corne. Plus brave que moi, elle prend l’offensive :

— Quoi, « encore ! » dirait-on pas que nous vivons aux crochets de Maugis ? C’est son tour, nous l’avons invité avant-hier.

— Et hier soir ?

— Hier soir ? c’est autre chose ; il voulait nous montrer Sammet, gargote historique. D’ailleurs, ce n’était pas mangeable, dans cette boîte-là, de la viande dure et du poisson mou ; il nous devait bien un dédommagement.

— À vous, peut-être, mais pas à moi.