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Page:Colette - Claudine s’en va, 1903.djvu/60

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reviens à elle, nous nous regardons avec des yeux pareils…

— Vous vous plaisez ici, Claudine ?

— Oui. J’ai horreur des appartements gais. Ici, je voyage. Voyez, les murs verts ont la sombre couleur du jour regardé à travers une bouteille, et ces bancs de chêne poli ont porté, je le crois, tant de derrières découragés de pauvres gens qui buvaient tristement et se saoûlaient… Hé ! Il me semble que Marthe vous pose le petit lapin des familles, Annie ?

Comme elle a rompu brusquement, presque méchamment, le fil de son rêve mélancolique ! Je le suivais si bien, séparée, pour cette heure seulement, du souci de celui qui est sur la mer… Et puis, la mobilité de Claudine me fatigue, qui mêle l’enfantillage à la sauvagerie, et dont l’esprit de jeune barbare peut bondir de la gourmandise à l’amour immodeste, d’un ivrogne désespéré à cette Marthe bruissante et agressive…

— Marthe, oui… elle est bien en retard.