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Page:Colette - La Fin de Chéri, 1926.djvu/40

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geait un dancing, et vendait des antiquités aux Américains. Pâle et sans force pendant une guerre qui l’avait vu porter tout ce qui n’est pas une arme, — paperasses, gamelles, vases souillés des hôpitaux — Desmond mordait à même la paix avec une fureur guerrière, dont les rapides fruits étonnaient Chéri. Le Desmond’s, établi à l’étroit dans un hôtel particulier, avenue de l’Alma, abritait sous sa pierre de taille épaisse, sous ses plafonds à hirondelles et à aubépines, entre ses verrières à roseaux et à flamants, des couples frénétiques et muets. On dansait au Desmond’s, le jour et la nuit, comme on danse au lendemain d’une guerre : les hommes, jeunes et vieux, délivrés du souci de penser et de craindre, vides, innocents, les femmes vouées à un plaisir plus grand que la volupté précise : la compagnie de l’homme, le contact de l’homme, son odeur, sa chaleur