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Page:Colette - La Paix chez les bêtes, 1916.djvu/50

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LA PAIX CHEZ LES BÊTES

« Vous pouvez lever un doigt, et hocher la tête, et dire : « Poucette, Poucette ! est-ce qu’il faut que je prenne la cravache ? » Franchement, ce n’est pas à moi de vous donner un conseil. Prenez la cravache, à tout hasard, et fouettez l’air, pour commencer… mais n’espérez pas que mon visage me trahisse, mon expressif et compliqué visage de chienne menteuse !

« J’offre à vos perquisitions, candide et plissé, le plus honnête museau de bouledogue. De la nuque à bourrelet jusqu’à mes fanons de petite vache, il n’y a pas une fronce, pas un caniveau, pas une gaufrure de ma peau qui n’inspire confiance. Et les yeux exorbités, jaunes comme l’or, francs comme lui ! Et la bonne lèvre pendante, laquée et noire ! Et les fières oreilles qui disent la droiture, la vigilance, la domestique honnêteté ! À l’abri d’un si beau masque, je mens.

« Je mens le jour et la nuit, quand je