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Page:Colette - La Seconde, 1955.djvu/62

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à la taille. Il recourut à sa plaisanterie traditionnelle :

— Acré ! les flics !

— Ah ! en voilà un ! cria Fanny. D’où sors-tu, vergissmeinnicht ? D’où sors-tu, martin-pêcheur ? Où est Jane ?

— Je ne sais pas, répondit poliment Jean Farou.

— Tu ne viens pas du village fait comme ça, j’espère ?

— Le genre mécano se porte beaucoup, dit Jean sur le même ton.

Calme, il semblait vibrer d’immobilité impatiente, son vêtement de toile bleue exaspérait le bleu de ses yeux, et le vent levait sur son front une flamme de cheveux dorés.

— Avoue qu’il devient très joli garçon, souffla tout bas Fanny à son mari.

— Très, approuva brièvement Farou. Mais quelle manière de s’habiller !…

— Tiens, dis donc, toi ! Les fonds sont bas. J’attends la dernière minute pour remonter le trousseau du petit. Réellement, il sera sans chemise à la fin des vacances, tu sais !

— N’attends plus, Fanny. Cette garce d’Atalante est enfin vendue. Colle-lui des caleçons de soie, — avec modération.

Il lui tendit un chèque et une lettre qu’elle ne put lire.

— C’est anglais ?

— Américain, madame. Cinquante.

— Mille ?…