Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

saluer, de pousser, parmi les éclats cristallins de son rire, de petits gloussements aigus, d’appuyer une main sur sa hanche comme sur une garde d’épée — et de broder. L’écuyer botté, gouverneur de la troupe, connaissait de douces heures, envoyait des mandats au Crédit Lyonnais et s’attablait l’après- midi au café de la Perle, en compagnie du père noble, du comique au grand nez et de la coquette un peu camuse.

Ce fut le moment que choisit le châtelain, absent depuis une quinzaine, pour revenir de Paris et quérir les bons avis du notaire de X… Il trouva la notairesse qui servait le thé. Près d’elle, le premier clerc de l’étude, un géant osseux et ambitieux, comptait ses points sur l’étamine bien tendue d’un tambour. Le fils du pharmacien, petit noceur à figure de cocher, entrelaçait des initiales sur un napperon, et le gros Glaume, veuf à marier, remplissait de laine alternativement magenta et vieil or les quadrillages d’une pantoufle. Jusqu’au vieux M. Demange, tout tremblotant, qui