Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/21

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Quand il l’enleva, vers 1853, à sa famille, qui comptait seulement deux frères, journalistes français mariés en Belgique — à ses amis, des peintres, des musiciens et des poètes, toute une jeunesse bohème d’artistes français et belges — , elle avait dix-huit ans. Une fille blonde, pas très jolie et charmante, à grande bouche et à menton fin, les yeux gris et gais, portant sur la nuque un chignon bas de cheveux glissants, qui coulaient entre les épingles — une jeune fille libre, habituée à vivre honnêtement avec des garçons, frères et camarades. Une jeune fille sans dot, trousseau ni bijoux, dont le buste mince, au- dessus de la jupe épanouie,