Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/234

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râpent délicatement sur le sol leur joue droite, leur joue gauche, pour l’imprégner de l’odeur prometteuse de printemps — ainsi une femme touche, de son doigt mouillé de parfum, ce coin secret, sous l’oreille…

Il n’est qu’un jeune chat, fils d’un de ces rayés. Il porte sur son pelage les raies de la race, les vieilles marques de l’ancêtre sauvage. Mais le sang de sa mère a jeté, sur ces rayures, un voile floconneux et bleuâtre de poils longs, impalpables comme une transparente gaze de Perse. Il sera donc beau, il est déjà ravissant, et nous essayons de le nommer Kamaralzaman — en vain, car la cuisinière et la femme de chambre, qui sont des personnes raisonnables, traduisent Kamaralzaman par Moumou.

Il est un jeune chat, gracieux à toute heure. La boule de papier l’intéresse, l’odeur de la viande le change en dragon rugissant et minuscule, les passereaux volent trop vite pour qu’il puisse les suivre de l’œil, mais il devient cataleptique, derrière