Des vieilles femmes ténébreuses filaient à la chandelle dans la cuisine, le soir, teillaient et dévidaient le chanvre des propriétés, pour fournir les lits et l’office de toile lourde, inusable et froide. Un âpre caquet de cuisinières agressives s’élevait et s’abaissait, selon que le maître approchait ou s’éloignait de la maison ; des fées barbues projetaient dans un regard, sur la nouvelle épouse, le mauvais sort, et quelque belle lavandière délaissée du maître pleurait férocement, accotée à la fontaine, en l’absence du Sauvage qui chassait.
Ce Sauvage, homme de bonnes façons le plus souvent, traita bien, d’abord, sa petite civilisée. Mais Sido, qui cherchait des amis, une sociabilité innocente et gaie, ne rencontra dans sa propre demeure que des serviteurs, des fermiers cauteleux, des gardes- chasse poissés de vin et de sang de lièvre, que suivait une odeur de loup. Le Sauvage leur parlait peu, de haut. D’une noblesse oubliée, il gardait le dédain, la politesse, la brutalité, le goût des inférieurs ; son surnom ne visait que sa