Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/55

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une dear little one, et un petit lapin… Mais qui me dira ce qu’est ma fille devant elle-même ?

À son âge — pas tout à fait huit ans — j’étais curé sur un mur. Le mur, épais et haut, qui séparait le jardin de la basse-cour, et dont le faîte, large comme un trottoir, dallé à plat, me servait de piste et de terrasse, inaccessible au commun des mortels. Eh oui, curé sur un mur. Qu’y a-t-il d’incroyable ? J’étais curé sans obligation liturgique ni prêche, sans travestissement irrévérencieux, mais, à l’insu de tous curés. Curé comme vous êtes chauve, monsieur, ou vous, madame, arthritique.

Le mot « presbytère » venait de tomber, cette année-là, dans mon oreille sensible, et d’y faire des ravages.

« C’est certainement le presbytère le plus gai que je connaisse… » avait dit quelqu’un.

Loin de moi l’idée de demander à l’un de mes parents : « Qu’est-ce que c’est, un presbytère ? » J’avais recueilli en moi le mot myst