Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/66

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que sa curiosité le cherchait et le contemplait, pêle-mêle avec le bien, d’un œil émerveillé ?

— Celui-ci ? Celui-ci n’est pas un mauvais livre, Minet-Chéri, me disait-elle. Oui, je sais bien, il y a cette scène, ce chapitre… Mais c’est du roman. Ils sont à court d’inventions, tu comprends, les écrivains, depuis le temps. Tu aurais pu attendre un an ou deux, avant de le lire… Que veux-tu ! débrouille-toi là-dedans, Minet-Chéri. Tu es assez intelligente pour garder pour toi ce que tu comprendras trop… Et peut-être n’y a-t-il pas de mauvais livres…

Il y avait pourtant ceux que mon père enfermait dans son secrétaire en bois de thuya. Mais il enfermait surtout le nom de l’auteur.

— Je ne vois pas d’utilité à ce que ces enfants lisent Zola !

Zola l’ennuyait, et plutôt que d’y chercher une raison de nous le permettre ou de nous le défendre, il mettait à l’index un Zola intégral, massif, accru périodiquement d’alluvions jaunes.