Page:Colette - La maison de Claudine, 1922.djvu/87

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Comme si je les découvrais ensemble, je saluai, inséparables, ma mère, le jardin et la ronde des bêtes. L’heure de mon retour était justement celle de l’arrosage, et je chéris encore cette sixième heure du soir, l’arrosoir vert qui mouillait la robe de satinette bleue, la vigoureuse odeur de l’humus, la lumière déclinante qui s’attachait, rose, à la page blanche d’un livre oublié, aux blanches corolles du tabac blanc, aux taches blanches de la chatte dans une corbeille.

Nonoche aux trois couleurs avait enfanté l’avant-veille, Bijou, sa fille, la nuit d’après ; quant à Musette, la havanaise, intarissable en bâtards…

— Va voir, Minet-Chéri, le nourrisson de Musette !

Je m’en fus à la cuisine où Musette nourrissait, en effet, un monstre à robe cendrée, encore presque aveugle, presque aussi gros qu’elle, un fils de chien de chasse qui tirait comme un veau sur les