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Page:Colette - Les Égarements de Minne, 1905.djvu/100

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— Ah ! c’est toi ! Quel mauvais rêve !

Antoine s’assied près d’elle, soulagé de reconnaître Minne, mais encore étreint de doute et de malaise.

— Raconte ton mauvais rêve.

Elle sourit, de son féminin et audacieux sourire, en secouant sa mèche blonde défaite :

— Merci ! Pour me faire peur !

— Je te rassurerai, ma Minne, dit Antoine en la prenant toute dans son grand bras.

Mais elle rit et s’échappe frissonnante, et danse pour se réchauffer, pour s’éveiller, pour oublier la menaçante image que faisait, dans son rêve, un corps d’adolescent, nu et blond, étendu sans vie sur un tapis tout rouge…