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Page:Colette - Les Égarements de Minne, 1905.djvu/116

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— Oh ! Zut ! encore une…

Il baisse son nez de cheval mélancolique sur sa barbe noire. Minne soupire, excédée :

— Enfin, mon ami, s’il faut que je sois seule pour penser à tout, vraiment ce n’est pas un métier !

Rien, pour Minne n’est « un métier », et c’est une locution favorite qu’elle place avec un à-propos très varié. Si ce n’est pas un métier de songer à tout, ce n’est pas un métier non plus de ramasser trois fois par jour la canne d’Antoine derrière le porte-parapluie, et ce n’en est pas un que de courir tout le temps après le crochet à bottines… Seule, après chaque déconvenue amoureuse, elle lève ses minces épaules et atteste le ciel, en silence, que « ce n’est pas un métier… »

Et puis, est-ce un métier, je vous le demande, que la perspective d’aller voir demain l’oncle Paul, le père d’Antoine, ce malade hostile qu’elle devra embrasser, em-