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Page:Colette - Les Égarements de Minne, 1905.djvu/290

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parce que je t’aimais moins, au contraire… Tu ne peux pas comprendre, toi…

— Mais si, pourquoi donc pas ?

— Ce sont des idées d’homme qui aime, dit-il simplement.

Minne tend hors du lit une amicale petite main.

— Mais je t’aime bien, je t’assure.

— Oui ? questionne-t-il avec un rire forcé. Alors, je voudrais que tu m’aimes assez pour me demander tout ce qui te ferait plaisir, même les choses qu’on ne demande pas à son mari, d’ordinaire, et puis que tu viennes te plaindre, tu comprends, comme quand on est petit : « Un tel m’a fait quelque chose, Antoine, gronde-le, ou tue-le »,ou n’importe quoi…

Elle a compris, cette fois. Elle s’assied sur son séant, ne sachant comment libérer la brusque tendresse qui voudrait s’élancer d’elle vers Antoine comme une brillante couleuvre prisonnière… Elle est toute pâle, les