Page:Collectif (famille Chauviteau) - 1797-1817 Lettres de famille retrouvées en 1897, 1897.djvu/207

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mule et volanta, de congédier une partie de ses serviteurs. Ses filles la secondèrent dans les soins du ménage, et notre chère Mamita racontait elle-même qu’elle s’ingéniait à habiller de petites poupées qu’elle faisait vendre par la négresse à ses amies et connaissances.

Récompensée dans sa sollicitude maternelle, la señora Aloy eut le bonheur d’établir avantageusement ses filles. Juana, l’aînée, épousa P. Poye, dont elle eut deux fils ; Charita, la seconde, épousa aussi un Sr Poye, dont elle eut un fils, Felipe, et une fille, Merced, qui épousa un Sr Gonzalo ; Francisca, la troisième, épousa el Sr Hernandez ; elle en eut six enfants : Pepe, Narcisso, Rafaël, Rosa, Merced et Pancha.

Dans la maison d’affaires du Sr Hernandez était employé un jeune Français venu des États-Unis, où sa famille s’était réfugiée, après avoir été chassée de la Guadeloupe par les insurrections et la révolte des noirs. Son aptitude aux affaires et ses qualités remarquables lui créèrent très promptement une belle position dans la maison, et il obtint la main de Serafina Aloy, qui avait à peine seize ans, le 22 mars 1803. Il avait vingt-sept ans.

Quoique si jeune encore, Serafina comprit toute l’importance de ses devoirs, et elle commença de suite cette vie de femme tendrement dévouée et respectueusement soumise, dont elle devait être le modèle jusqu’à l’heure douloureuse de son veuvage. De ses quatorze grossesses, elle eut onze enfants, qu’elle nourrit elle-même et qu’elle éleva avec la plus tendre sollicitude.

Jean, Louis, Charles et Ferdinand, naquirent successivement à la Havane, de décembre 1803 à 1809. La vie de nos heureux parents s’écoulait paisiblement, soit à la ville, où Bon-Papa avait pris la direction de la maison Hernandez, soit dans l’intérieur de l’Île, sur ses sucreries et cafeiries qu’il administrait avec grande intelligence et où il traitait les nègres très paternellement.

Il possédait l’Amistad, la Serafina, la Carlota et le Prostero. Tout en améliorant le revenu de ses propriétés, il ne négligeait pas le bien-être de ses esclaves. À la Carlota, avant de reconstruire l’habitation, il voulut faire élever l’hôpital pour les vieux nègres, et l’asile pour les enfants. Les vieilles négresses en pre-