Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/122

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au temps où son ancien collaborateur Paul Bocage lui écrivait rue Torteron, à Saint-Lô (Manche) pour lui demander du cidre normand… ! Lamartine parle quelque part de la joie profonde, un peu amère, j’imagine, qu’il avait à s’enfoncer, avec Béranger à son bras, dans les quartiers populaires, les boulevards qui vont vers la Bastille, et à passer, ainsi coudoyé, inaperçu et ignoré, dans cette foule emplie de leurs deux noms. M. Octave Feuillet eut, lui aussi, des sensations pareilles, d’une pareille saveur et d’une semblable mélancolie. « Parler du passé, me disait de lui hier quelqu’un qui l’aime, le connaît et l’admire, parler de son jadis lui semble pénible ; il le compare au présent. Une fois cependant il m’a parlé, avec une sorte d’animation attendrie, de sa vie d’autrefois, à Saint-Lô, de la petite maison qu’il avait là-bas et qu’il n’a plus. Ses fils grandissaient et, pour leur éducation, il fallait venir s’installer à Paris. « Je suis, me disait-il, attaché avec une espèce de fanatisme à mes souvenirs d’enfance. » Et il me faisait remarquer que la plupart de ses œuvres, si essentiellement mondaines et parisiennes, avaient été écrites dans le silence et dans la paix d’une