Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/145

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mans du charmeur où les jeunes comtesses et les petites marquises passent sous l’ombre des vieux ormes et dans les vieilles salles des châteaux, parfois écroulées à demi. Leurs jeunes rires ou leurs précoces mélancolies ont pour cadres ces pierres ou ces paysages. De vieilles femmes aux cheveux argentés apportent aux romans d’amour leurs bons sourires d’autrefois. Il y a parfois, dans quelqu’un de ces vieux logis, quelque corsaire moribond qui rumine ses batailles de jadis. Mais on s’aime en ces vieux logis. Les bois sont faits pour les idylles. M. Feuillet affectionne ces scènes amoureuses par les forêts, sous la feuillée, au bord des étangs, au haut des vieilles tours bretonnes, par les clairs de lune romantiques, per arnica silentia lunæ. Il aime ces paysages d’automne qui donnent une mélancolie aux amours printanières, ces promenades à cheval par les sentiers emplis de feuilles sèches ou dans les allées criblées de lumière, cavalcades heureuses où l’amour monte en croupe ; ces sourires des choses encadrant les scènes de passion. On dirait parfois Marivaux soupirant dans une forêt de Shakespeare.

Au théâtre comme dans le roman, M. Octave