Page:Collectif - Célébrités contemporaines, Vol 2, 1883.djvu/159

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derrière le public trié, un peloton de municipaux, le fusil chargé. Il y avait en ce temps sinistre, je suppose, quelque courage à disputer leur proie aux voraces de la magistrature impériale. Charles Floquet parla haut et franc, et aussi dans le procès de l’Hippodrome, et aussi dans le procès Tibaldi. Le « pouvoir fort » trembla, et Napoléon le tout petit dut comprendre qu’il ne viendrait jamais à bout de notre génération, la génération des irréconciliables.

Tant que dura le bas empire, l’éloquence de Me Floquet, ardente et mesurée, d’une langue si pure, fut par toute la France au service de tous les persécutés, de tous les vaillants. Citerait-on en ces trente dernières années, au barreau de Paris, un avocat plus ubiquiste ? Saurait-il énumérer lui-même tous les procès politiques, toutes les causes civiles qui lui valurent tant de bravos et de fêtes, au Nord et à l’Est, au Midi et à l’Ouest ?

Mais on ne l’entendait pas qu’en France. Lui, comme tant d’autres parmi la jeunesse d’alors, étouffait dans l’empire. Pour respirer, l’on ouvrait la frontière. On s’épandait et l’on s’épanchait dans l’Europe libérale, on se retrouvait, on s’encourageait, on se comptait,