son manuscrit, ce maigre jeune homme aux longs cheveux : « Ah ! ah ! encore une ! C’est peut-être la cinquantième de la journée ! » Et il montrait à Sardou, terrifié, l’énorme paquet de manuscrits.
La Taverne des Étudiants se trouva par hasard (à quoi tient la gloire !) la deuxième sur ce monceau de paperasses sorties des mains du copiste. Les directeurs se partagèrent les premiers manuscrits à lire et, du premier coup la Conquête de ma femme, de Louis Leroy, Au Printemps, de Laluyé et la Taverne furent reçus.
Reçu ! Ce fut à Léon Pillaut, l’écrivain musical, ami de Sardou, que M. Camille Doucet, toujours obligeant et bon, apprit le résultat. Et à quoi Sardou devait-il cette réception ? À son écriture, fine, lisible, féminine, qui avait frappé Mlle Bérengère, une charmante actrice, très liée alors avec un de ses directeurs : « Ah ! la jolie petite écriture ! » avait-elle dit. Et elle s’était mise à lire la Taverne. L’écriture a bien changé ! Puis le hasard avait fait que Gustave Vaez rencontrât dans les vers de Sardou une drôlerie sur un changement de logement ; il avait tout justement fait la même