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— LE LIVRE DES FEMMES. —

sentier bordé d’un ravin profond, où, sur un lit de cailloux, coulait sans bruit un torrent à demi desséché par les ardeurs du jour. Rien ne troublait la mélancolie dont l’âme de Bellica était abreuvée. Insouciante au danger, elle laissait flotter les rênes sur le cou de sa mule, contemplant, avec un sourire de femme qui aime, ce beau ciel et cet astre rêveur.

Le zéphir caressait sa basquine, et dessinait ses formes. Bellica était une des plus gracieuses parmi les jeunes femmes de l’Andalousie. Jamais les rois de l’Alhambra ne reposèrent leurs regards sur un teint plus enivrant, sur des yeux plus pleins d’amour, de ces yeux qui brûlent les veines. Mariée, peu d’années, à un homme que de simples convenances lui avaient donné pour époux, elle fut un modèle de fidélité. Entourée depuis d’adorateurs, un seul fut remarqué. Tandis qu’elle le croyait digne de cet amour qui